Sur les traces de Mallarmé au cimetière de Samoreau

28 septembre 2018

Sur les traces de Mallarmé au cimetière de Samoreau

SUR LES TRACES DE MALLARME

AU CIMETIERE DE SAMOREAU

par Jean-Michel Saincierge

Index des noms recensés :

BLONDE Antoine, garde-port à Valvins

CHAMPION Joseph Casimir, capitaine d’infanterie

CLEMENT-BAYER René, peintre

COUILLENS Marc, ingénieur général du ministère de l’agriculture

LARRONDE Olivier, poète

MALLARME Stéphane, poète

ORLOWSKI Adam, comte

ORLOWSKI Micislas Léon, comte

ORLOWSKI Micislaw Konstanty, comte

ORLOWSKI Stanislas, comte

RIVIERE de la MURE (de) Edmond, comte

SERT GODEBSKA Misia, pianiste, mannequin, mondaine

Cinq morts à la guerre 1914-1918 :

ADEL Jean

HENRY Lucien

HUGE Gérard

RAYMOND Robert

ROMAIN Marcel

La tombe la plus emblématique du cimetière de Samoreau est sans aucun doute celle de Stéphane Mallarmé, mais il y est également entouré par un fervent admirateur; le poète Olivier Larronde, et par son amie et égérie Misia Sert.

Stéphane MALLARME (1842-1898) mène une vie partagée entre l’enseignement de l’anglais, son « gagne-pain », et une intense activité poétique. Il est considéré comme l’un des fondateurs du Symbolisme, mouvement littéraire de la fin du 19ème siècle qui s’inscrit contre le Naturalisme et privilégie l’usage des symboles et des correspondances entre choses visibles et invisibles. On lui doit entre autre l’Après-Midi d’un faune qui fut mis en musique par Debussy.

Il est très ami avec Edouard Manet ainsi qu'avec Berthe Morisot et sa fille Julie Manet, dont il devient tuteur à la mort de ses parents.

Il repose avec son épouse née Marie Gherard (1935-1910) et ses 2 enfants : son fils Anatole décédé à l’âge de 8 ans (1871-1879) et sa fille Geneviève (1864-1919).

Mallarmé a été peint par Manet en 1876 (visible au musée d’Orsay), par Gauguin en 1891, par Renoir en 1892 et photographié par Nadar en 1896.

Tout à côté de sa tombe, repose le poète Olivier Larronde.

Olivier LARRONDE (1927-1965) est l'un des plus fulgurants poètes du XXè siècle. Auteur des Barricades mystérieuses, de Rien voilà l’ordre (anagramme de son nom) et de L’Arbre à lettres, il marie, selon l’expression de Paul Guth la grâce d’un Ronsard à l’acuité nerveuse héritée du surréalisme.

Né à La Ciotat, fils d’un journaliste, filleul du poète O. W. Milosz, il quitte l’école à seize ans, avant de venir de Saint-Leu-la-Forêt, où il a grandi, à Paris à pied pour faire éditer son premier recueil par Jean Cocteau.

Salué par Gaston Bachelard, Jean Genet, André Pieyre de Mandiargues, Raymond Queneau, Louise de Vilmorin, illustré par Giacometti, il meurt à trente-huit ans malade d’épilepsie, alcoolique et drogué. On l’enterre, à sa demande, près de Mallarmé qu’il admirait.
Il repose désormais, sous un petit obélisque, avec son compagnon, l’écrivain, poète et éditeur Jean-Pierre Lacloche (1925-2006) qui a entretenu son souvenir durant quarante ans.

Jean Cocteau a dessiné des portraits de ces deux poètes.

Un peu plus loin en contrebas repose l'étonnante Misia Sert.

Fille du sculpteur Cyprien Godebski, Misia SERT (1872-1950) née Marie Sophie Olga Zénaïde Godebska, apprend le piano avec Gabriel Fauré et devient une remarquable virtuose.

Epouse en 3ème noce du peintre catalan José-Maria Sert, elle tient salon et toute l’élite culturelle vient la voir régulièrement. Elle est ainsi pianiste, mannequin, mondaine, salonnière, et demeure pendant un quart de siècle l'égérie du Tout-Paris.

Amie intime de Coco Chanel , elle est peinte par Bonnard, Renoir, Odilon Redon,Toulouse-Lautrec ou Edouard Vuillard. Mécène, c’est elle qui finance les Ballets russes de Serge Diaghilev et le fait connaître. Elle est l’égérie de Mallarmé et de Paul Morand, et l’amie de personnalités aussi diverses que Verlaine et Léon Blum, Ravel et Cocteau, Arthur Rubinstein et Drieu la Rochelle, Satie et Colette, ou encore Picasso et Stravinski ...

Proust fait d’elle Madame de Verdurin dans sa Recherche.

Elle repose avec sa nièce (fille de son demi-frère) Marie-Anne Godebska (1899-1949) épouse d’Aimery Blacque-Belair, pilote de course Bugatti. Dite Mimie, elle est la dédicataire avec son frère Jean de "Ma mère l'Oye" de Maurice Ravel.

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D'autres personnalités reposent dans ce petit cimetière.

A l’ombre de deux gros ifs, un ensemble de trois tombes alignées constitue la dernière demeure des membres de la famille ORLOWSKI, châtelains du domaine de Montmélian.

-Les parents : le comte Micislas Léon Orlowski (1865-1929) né en Ukraine, descendant par sa mère du duc de Talleyrand, et son épouse Mabel Stevens Orlowska (1872-1959) native de New-York.

-Les enfants : Dorothée Orlowska épouse Ledochowski (1894-1987), comte Stanislas Orlowski (1905-1973), Elisabeth Orlowska épouse Stebelski (1911-1994) et son époux Henryk Stebelski (1904-1979).

-Un petit-fils : le comte Micislaw Konstanty Orlowski (1930-2006) (fils de Stanislas).

et le comte Adam Martin Orlowski (1851-1931) pas de renseignement sur ce membre de la famille.

Un autre membre de la noblesse est inhumé dans ce cimetière.

Fils du chef de cabinet du préfet de la Drôme, le comte Edmond de RIVIERE DE LA MURE (1911-1996), attaché à la Banque de Paris et des Pays-Bas, descend par sa mère (née du Rousseau de Fayolle) d'Henri Lefèvre d'Ormesson, marquis d'Ormesson.

Des militaires reposent également ici.

Joseph Casimir CHAMPION (1839-1901) capitaine d’infanterie de ligne, participe aux campagnes d’Allemagne (guerre de 1870) et d’Afrique (Algérie et Tunisie). Il est nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1882.

Quelques tombes entretenues par Le Souvenir Français où reposent des soldats de la Guerre 1914-1918 :

Gérard HUGE, Robert RAYMOND, Lucien HENRY, Marcel ROMAIN et Jean ADEL.

Un ancien garde-port de Valvins.

Antoine BLONDE (1814-1876) garde-port à Valvins.

Un ingénieur général de l'agriculture.

Marc COUILLENS (1913-1983) ingénieur général du ministère de l’agriculture chargé des régions, directeur du Centre National des Expositions et Concours Agricoles (CENECA), il laisse plusieurs ouvrages.

Un artiste peintre.